Points forts du sommet de l’ISMP : l’avenir de la sécurité des médicaments périopératoires : Nos projets d’avenir

Elizabeth Rebello, Rph, MD, CPPS, CMQ, FASA, JW Beard, MD

L’Institute for Safe Medication Practices (ISMP) s’est réuni les 10 et 11 novembre 2021, dans le cadre d’un sommet national virtuel sur la sécurité des médicaments périopératoires. Ce sommet avait pour but de s’appuyer sur les connaissances actuelles des causes des erreurs médicamenteuses et des méthodes connues d’atténuation pour développer des stratégies supplémentaires de prévention et réduire les dommages causés aux patients pendant la période périopératoire. Environs 80 parties prenantes ont participé au sommet, issues de divers domaines, notamment des anesthésistes, des infirmiers périopératoires, des pharmaciens, des représentants du secteur de l’industrie médicamenteuse et de l’équipement lié à la sécurité des médicaments et du personnel de l’ISMP. L’Anesthesia Patient Safety Foundation (APSF), ainsi que plusieurs sociétés intéressées par le sujet, ont sponsorisé la conférence.

La conférence a débuté par un aperçu des objectifs du sommet, suivi par cinq présentations de L’état actuel de la sécurité des médicaments périopératoires, les obstacles à la sécurité avec un intérêt particulier sur les signalements et la culture sécurité, les résultats de l’étude d’auto-évaluation de la sécurité des médicaments dans le cadre périopératoire de l’ISMP et les résultats de l’étude sur l’adhésion des participants réalisée avant le sommet.1,2 La conférence s’est concentrée plus particulièrement sur l’étiquetage et l’emballage des médicaments dans le cadre périopératoire et l’adoption de technologies sécuritaires dans le périopératoire. Il y avait plusieurs domaines de consensus. Par exemple, 97 % des personnes qui ont répondu au questionnaire du sommet étaient d’accord ou pleinement d’accord avec le fait qu’il fallait utiliser des pompes de perfusion intelligentes pour les perfusions continues et 81 % étaient d’accord avec le fait qu’il fallait scanner le code-barres pour l’administration des médicaments en SSPI et dans les espaces de soins postopératoires.2 Dans certains domaines, les participants étaient moins en accord, par exemple pour l’utilisation de la lecture des codes-barres dans des espaces dédiés à la chirurgie et aux procédures afin de vérifier les médicaments avant leur administration (63 %) et l’utilisation de pompes intelligentes dans tous les cadres périopératoires, y compris peropératoires, pour les solutions d’hydratation intraveineuses (68 %).2

Il a été reconnu par les participants au sommet que l’accord de principe de l’utilisation des technologies de réduction des erreurs médicamenteuses ne se traduit pas nécessairement par une utilisation dans les espaces où sont réalisées des procédures. Une étude d’auto-évaluation de 98 hôpitaux et 33 centres de soins ambulatoires a été menée par l’ISMP afin d’évaluer la disponibilité et l’utilisation de la technologie.1 Les réponses ont démontré que 93 % des hôpitaux et seulement 35 % des centres de soins ambulatoires avaient accès aux pompes de perfusion intelligentes.1 En outre, 87 % des hôpitaux et seulement 12 % des centres de soins ambulatoires indiquaient que la lecture des codes-barres était disponible pour l’administration des médicaments.1 Malgré la disponibilité de pompes intelligentes et de lecteurs de codes-barres dans de nombreux établissements, ils n’étaient pas nécessairement mis en œuvre. Les barrières à l’adoption des technologies ont été étudiées, tel que le coût et les préférences des médecins et les opportunités de faire progresser la sécurité ont été discutées, notamment la disponibilité de la technologie et la formation.

Chaque domaine d’intérêt a fait l’objet de plusieurs présentations, y compris des études de cas, suivies de discussions en groupes sur les sujets de l’étiquetage, l’administration des médicaments assistée par la lecture des code-barres (BCMA) et la technologie des pompes de perfusion intelligentes (Tableau 1) avec 4 à 5 groupes et 12 à 15 participants par groupe. Les groupes étaient dirigés par un animateur qui posait des questions spécifiques afin de susciter les discussions (Tableau 1). Chaque groupe a rapporté les conclusions principales à l’ensemble des participants. Les points de discussion à mettre en avant sont notamment la préférence de l’étiquetage des seringues en concentration par ml par les anesthésistes afin de réduire le potentiel d’erreur mathématique lors de l’administration des médicaments dans le cadre périopératoire, le manque de aide/ressources pour la BCMA, en particulier dans les centres de soins ambulatoires et les espaces dédiés aux procédures et l’absence d’harmonisation des pompes intelligentes dans différents espaces de l’hôpital.

Tableau 1. Exemples de questions de groupe

Séance de groupe 1 : Étiquetage
  1. Les étiquettes écrites à la main devraient-elles être utilisées pour l’étiquetage courant des médicaments ?
  2. Les étiquettes imprimées devraient-elles être considérées comme la meilleure pratique ?
  3. Actuellement, écrivez-vous vos propres étiquettes ? Si c’est le cas, pourquoi ?
  4. Comment pouvons-nous encourager les médecins à reconnaître le risque associé à des pratiques d’étiquetage non standard et à adopter des pratiques d’étiquetage sûres ?
Séance de groupe 2 : Lecture des codes-barres
  1. Votre établissement a-t-il des attentes générales d’utilisation de lecteurs de codes-barres pour l’administration des médicaments (en dehors d’un cadre peropératoire) pour tous les médicaments et les fluides ?
  2. Dans vos cadres peropératoires, votre établissement a-t-il une attente d’utilisation de lecteurs de codes-barres pour l’administration des médicaments ?
  3. Quelles inquiétudes de flux de travail avez-vous au titre de l’utilisation de l’Administration des médicaments assistée par la lecture des code-barres (BCMA) pendant une intervention chirurgicale pour l’utilisation des médicaments ?
Séance de groupe 3 : Intégration et optimisation des pompes à perfusion intelligentes
  1. Y a-t-il des problèmes liés au transfert des patients du bloc opératoire à un autre niveau de soin lorsque les dispositifs de perfusion sont différents ?
  2. Pensez-vous que l’intégration des pompes à perfusion intelligentes à l’informatisation des dossiers présente des avantages ?
  3. Quels types de formation et d’évaluation des compétences sont fournis au titre de l’utilisation des pompes à perfusion intelligentes ? Pour les infirmiers ? Pour les anesthésistes ? Pour les fournisseurs de sédation qui ne sont pas des anesthésistes ?

Des points importants à retenir de la conférence étaient la reconnaissance de l’ordre prioritaire des stratégies de réduction des erreurs en termes de levier (faible à fort), de niveau d’efficacité (du plus faible au plus grand) et de facilité de mise en œuvre (Figure 1). Les parties prenantes participant au sommet ont indiqué qu’en termes d’étiquetage des médicaments, elles préféraient la concentration par mL plutôt que la méthode actuelle de volume de médicament par volume total. Les discussions relatives à l’étiquetage ont abordé les questions liées à l’étiquetage des flacons, des ampoules, des perfusions et des seringues préremplies par les fabricants. Les avantages de la technologie BCMA, tels que l’interface avec l’informatisation des dossiers, (ID) ont été discutés, ainsi que les défis liés aux blocs opératoires ambulatoires et aux autres espaces de pratique lorsque ces ressources peuvent avoir un coût prohibitif. La technologie des pompes intelligentes a été étudiée, révélant un ensemble de pratiques dans divers cadres. Par exemple, les participants au sommet ont indiqué que la mise à disposition de pompes intelligentes n’indique pas nécessairement que la bibliothèque de médicaments est mise à jour régulièrement ou que les cliniciens l’utilisent lorsqu’elle est disponible pour un médicament de perfusion. La disponibilité d’un système de réduction des erreurs de dosage, couramment appelé une « bibliothèque de médicaments », correspondant à la pratique, n’était pas considérée comme une exigence minimale pour les pompes intelligentes. L’intégration des pompes intelligentes à la BCMA et la communication bidirectionnelle avec l’ID sont considérées comme des technologies futures potentielles pour les espaces dédiés aux procédures.

La conférence s’est conclue par une discussion sur le développement d’un consensus sur des sujets tels que l’amélioration de la culture de la sécurité et du signalement des erreurs médicales dans le domaine périopératoire, en utilisant l’innovation pour répondre à des besoins et des défis irrésolus et développer des recommandations après consensus autour de la sécurité des médicaments périopératoires.

À la date de la publication du présent article, la version préliminaire des recommandations est à l’étude par les participants à la conférence. Une fois que le résultat de ces travaux sera connu, l’ISMP publiera la version préliminaire des recommandations pour obtenir des commentaires publics. Lorsque ceux-ci auront été évalués en interne, l’ISMP publiera les recommandations finales. Des membres de l’APSF ont participé à la conférence et ils seront inclus dans la relecture. Les membres de l’APSF utiliseront les discussions au sein de l’organisation pour fournir des recommandations en adéquation avec les avis actuels des experts de l’APSF. Les recommandations finales de l’ISMP devraient être publiées fin 2022.

1ISMP. Résultats de l’étude préalable au sommet : Degré d’accord :

 

Elizabeth Rebello, Rph, MD, CPPS, CMQ, FASA, est professeure associée du Département d’anesthésie et de médecine périopératoire au MD Anderson Cancer Center de l’Université du Texas.

John Beard, MD, est médecin-chef de GE Healthcare Life Care Solutions.


Les auteurs ne signalent aucun conflit d’intérêts.


Documents de référence

  1. Smetzer, J. Early results and opportunities from the ISMP medication safety self-assessment for perioperative settings. Presented at the ISMP Summit: The Future of Perioperative Medication Safety: Charting Our Path Forward; 11/2021.
  2. Holcomb, E. Presummit survey results: level of agreement. Presented at the ISMP Summit: The future of perioperative medication safety: charting our path forward; 11/2021.