Rapport 2020 du Président : Les actions de l’APSF pour promouvoir la sécurité périopératoire des patients et l’impact positif que chacun d’entre nous peut avoir

Mark A. Warner, MD
Dr. Mark Warner, président de l’APSF

Dr. Mark Warner, président de l’APSF

En tant que spécialité, mais aussi individuellement, de nombreuses occasions se présentent à nous pour améliorer la sécurité de nos patients durant les différentes étapes des soins periopératoires. En tant que spécialité et en particulier pour l’APSF, nous devons donner la priorité à des questions importantes auxquelles il convient de répondre. Sur le plan individuel, nous devons nous concentrer plus précisément sur la sécurité de chacun de nos patients, jour après jour.

Priorités et partenariats de l’APSF en matière de sécurité des patients

Nous savons tous que nous devons apporter des réponses à des questions spécifiques. Le Tableau 1 répertorie des questions prioritaires en matière de sécurité périopératoire des patients qui, selon l’APSF, nécessitent à l’heure actuelle une attention ciblée, des discussions et un soutien, où que vous vous trouviez à travers le monde. Nous utilisons ces questions prioritaires générales pour nous aider à déterminer les thèmes de nos Conférences Stoelting, solliciter des articles pour notre Bulletin d’information de l’APSF, orienter le contenu des réseaux sociaux et attribuer des ressources à des projets de recherche et d’éducation.

Tableau 1 : Les dix grandes priorités de l’APSF en matière de sécurité périopératoire des patients pour 2020

  1. La prévention, la détection et l’atténuation de la détérioration clinique en période périopératoire
    1. Des systèmes d’avertissement précoce pour tous les patients périopératoires
    2. La surveillance de l’aggravation des patients
      1. La surveillance continue en postopératoire dans les services hospitaliers
      2. La surveillance de la dépression respiratoire liée aux opiacés
      3. Le sepsis précoce
    3. La reconnaissance précoce d’un patient en décompensation et sa prise en charge
  2. La sécurité en dehors du bloc opératoire, comme dans les salles d’endoscopie et de radiologie interventionnelle
  3. La culture de la sécurité : l’importance du travail d’équipe et de la promotion des interactions collégiales au sein du personnel pour soutenir la sécurité des patients
  4. La sécurité des médicaments
    1. Les effets secondaires des médicaments
    2. Les problèmes d’étiquetage
    3. Les pénuries de médicaments
    4. Les problèmes technologiques (par ex. codes- barres, RFID)
    5. Les processus pour éviter et détecter les erreurs
  5. Le delirium post-opératoire, la dysfonction cognitive et la santé cérébrale
  6. Les infections associées aux soins, la contamination et la transmission microbiennes environnementales
  7. Les problèmes de communication liés au patient, les transmissions et les transferts de soins
  8. Les difficultés, les compétences et les équipements de gestion des voies aériennes
  9. Les anesthésistes et le burnout
  10. Les distractions dans les espaces de travail

Au-delà de ces thèmes généraux de sécurité périopératoire pour les patients, certaines questions locales ont une incidence sur la sécurité des patients. Il s’agit par exemple des restrictions en termes d’effectifs, d’équipements et de médicaments. Bien qu’elles existent partout à un certain degré, elles sont plus notoires dans des pays aux ressources restreintes. Souvent, les réponses à ces problèmes sont apportées par des partenariats internationaux, mais aussi régionaux ou locaux. L’APSF s’associe en partenariat à la Fédération mondiale des sociétés d’anesthésiologistes (WFSA) et à d’autres organismes internationaux et régionaux pour contribuer à l’amélioration des opportunités de formation des professionnels de l’anesthésie. Tout particulièrement avec la WFSA, nous apportons notre soutien à des efforts visant à s’assurer que les bourses de formation de sous-spécialité proposées par la WFSA à travers le monde ont toujours une valeur conséquente. Nous collaborons également avec la Fondation en faveur de la sécurité des patients (Patient Safety Movement Foundation) afin de développer des programmes d’enseignement de la sécurité des patients spécifiques à l’anesthésie et des formations individuelles pour médecins, avec des adaptations permettant de l’utiliser à la fois dans les pays disposant d’importantes ressources et dans ceux dont les ressources sont limitées. Grâce aux efforts de nos responsables de notre bulletin d’information et des réseaux sociaux, respectivement, Steven B. Greenberg, MD et Marjorie P. Stiegler, MD, les recommandations et articles de l’APSF relatifs à la sécurité des patients sont délivrés à plus de 600 000 anesthésistes à travers le monde, dans chaque pays et sur chaque continent, avec des informations sur des thèmes importants en matière de sécurité périopératoire des patients.

Ce que chacun d’entre nous peut faire pour avoir un impact positif sur la sécurité des patients

Au-delà des efforts de l’APSF et de nos nombreuses organisations professionnelles de spécialités visant à améliorer la sécurité périopératoire des patients, nous pouvons tous prendre des mesures personnelles pour y contribuer au quotidien. Par exemple, nous pouvons simplement suivre la règle d’or : « Traitez les autres comme vous souhaiteriez être traité(e) ». Cette règle n’est liée à aucune culture et se retrouve dans toutes les religions et toutes les régions du monde, à quelques variations près.

Fondamentalement, nous devons respirer profondément avant de prendre nos patients en charge et réfléchir à la manière dont nous souhaiterions être traités à leur place. Au fil des années, j’ai eu la chance de pouvoir étudier plusieurs grandes complications périopératoires dans le détail (par ex. l’inhalation pulmonaire, la neuropathie cubitale et les pneumonies). J’ai également eu la malchance d’avoir pris en charge des patients qui avaient ces pathologies mais aussi d’autres complications périopératoires. Comme nombre d’entre vous, j’ai été témoin d’erreurs médicamenteuses entraînant parfois des évènements indésirables graves. Je sais d’expérience qu’une infection périopératoire imprévue n’est pas souhaitable. Bien que ces complications aient souvent des étiologies complexes, dont les caractéristiques du patient et les modalités de prises en charge periopératoires, nous pouvons et devons faire au mieux pour réduire nos erreurs ou omissions personnelles, parfois responsables d’incidences négatives sur la sécurité de nos patients. C’est simplement la bonne chose à faire pour nos patients. C’est ce que nous attendrions de nos confrères et de nos consœurs en tant que patients.

Avant de prendre en charge un(e) patient(e), nous devons nous poser les questions suivantes :

  • Avons-nous réalisé les check-lists pour nous assurer que nous avons tout le nécessaire à portée de main pour pratiquer un acte d’anesthésie ?
  • Avons-nous pris activement toutes les mesures nécessaires pour éviter la contamination de nos équipements et de nos médicaments afin de réduire le risque de transmission périopératoire de microorganismes ?
  • Avons-nous fait l’effort de prendre suffisamment connaissance du dossier de notre patient(e) et ses facteurs de risque pour pallier des complications potentielles périopératoires et postopératoires ?
  • Avons-nous mis de côté les facteurs de distraction (par ex. un téléphone portable) et qui peuvent gêner nos efforts ciblés pour fournir la meilleure prise en charge possible ?
  • Avons-nous fait des transmissions correctes lorsque nous confions un(e) patient(e) à un(e) autre anesthésiste ?
  • « Traitons-nous nos patients comme nous aimerions être traités personnellement » ?

Pour tous nos patients, nous pourrions nous poser les questions suivantes :

  • Avons-nous participé, dans le cadre de nos institutions locales, au développement des parcours, pratiques et politiques cliniques qui renforcent la sécurité tout au long de la période périopératoire ?
  • Avons-nous travaillé avec nos collègues au sein de nos institutions pour améliorer les relations au sein des équipes et mettre en œuvre les changements culturels nécessaires et les actions qui pourraient nuire au patient ?
  • Avons-nous pris le rôle de leader, que ce soit sur le plan local ou au-delà, afin d’avoir un impact positif sur la sécurité périopératoire de la population que nous prenons en charge ?

La sécurité périopératoire des patients n’est pas un problème que quelqu’un d’autre peut résoudre. L’APSF et d’autres organismes peuvent fournir les ressources nécessaires pour aider les praticiens chercheurs et d’autres à développer de nouvelles connaissances qui pourront améliorer la sécurité des patients. Ces organisations peuvent contribuer au développement de recommandations pouvant être utilisées pour orienter les soins et potentiellement améliorer la sécurité des patients. Nos partenaires industriels peuvent développer de nouveaux équipements et de nouveaux médicaments pour contribuer à une meilleure sécurité des soins. Toutefois, chacun et chacune d’entre nous a la responsabilité personnelle de contribuer à l’amélioration de la sécurité périopératoire des patients. Il semble essentiel de réfléchir délibérément à la règle d’or avant de prendre en charge chaque patient.

 

Le Dr. Mark Warner est actuellement président de l’APSF et le Professeur d’anesthésiologie Annenberg, Mayo Clinic, Rochester, Minnesota.


Le Dr. Warner n’a aucune information à fournir concernant le contenu de cet article.